Caroline, directrice d’école victime d’actes homophobes, s’est suicidée le jour de la rentrée
Une situation difficile dans un contexte de tensions
Caroline Grandjean, directrice d’école dans le Cantal, a été retrouvée morte le lundi 1er septembre 2025, jour de la rentrée scolaire. Les mois précédents, elle avait été confrontée à plusieurs inscriptions homophobes découvertes sur les murs de son établissement. Un premier tag “sale gouine” apparaît en 2023, suivi de deux autres, plus explicites et menaçants “gouine = pédophile” … “dégage la gouine”. Elle dépose 5 plaintes auprès des autorités sans que cela aboutisse à l’identification du corbeau.
Malgré les réserves et réticences de certains acteurs locaux, elle co-signe un communiqué avec les représentants des parents d’élèves et le maire pour condamner publiquement les faits.
Caroline reçoit également une menace écrite “va crever sale gouine”, qu’elle signale.
Des décisions mal vécues et un profond isolement
Pour la protéger, un changement d’école lui est d’abord proposé, puis imposé après son refus. À la suite d’une médiatisation de l’affaire, la direction académique opère un rétropédalage et revient vers elle pour lui redemander son avis. Elle exprime alors sa volonté de rester à son poste, par conviction de ne pas céder face au corbeau et par attachement à sa mission. Cependant, à la suite d’un nouveau tag, elle finit par céder et ne fait pas sa rentrée dans l’établissement. Selon Remedium, cette décision lui vaudra une réflexion sarcastique de son inspectrice, tandis que le maire se félicitera sur les réseaux sociaux d’une « rentrée sereine ».
Face aux réactions négatives à l’égard de la municipalité sur les réseaux, celle-ci n’a pas hésité à attaquer directement Caroline. Il a fallu l’intervention du préfet pour faire retirer les publications.
Selon l’auteur de bande dessinée Remedium, qui a raconté son histoire dans Cas d’école en janvier 2025, Caroline se serait sentie isolée et incomprise. Il rapporte notamment une parole attribuée à son inspectrice lui demandant : « ce qu’elle a pu faire pour qu’on s’en prenne à elle ». L’Éducation nationale a, de son côté, porté plainte contre Remedium à la suite de cette publication.
Suite à toute cette histoire et à ce manque de soutien, Caroline a alors fait une première tentative de suicide, mais a pu être sauvée à temps.
Quelques mois plus tard, trois jours avant cette rentrée, Caroline écrit à Remedium pour lui dire que son inspectrice, qu’elle estimait ne pas l’avoir soutenue, venait d’être promue au poste d’assistante de la directrice académique. Une nouvelle qu’elle perçoit comme une injustice supplémentaire.
Dans un message partagé sur un groupe de directeurs peu avant sa mort, Caroline a écrit : « lundi… sera bien plus difficile pour moi que pour vous ».
Un décès qui suscite émotion et interrogations
Le jour de la rentrée 2025, Caroline met fin à ses jours. À la suite de ce drame, les syndicats FSU-SNUipp et S2DE ont demandé l’ouverture d’une enquête administrative.
Ce suicide a provoqué une vive émotion dans la communauté éducative, évoquant les cas de Christine Renon ou Jean Willot. Il relance les réflexions autour du harcèlement, de la lutte contre les discriminations et de la manière dont les personnels peuvent être soutenus face à des situations de souffrance.
L’histoire de Caroline racontée par Remedium en janvier 2025
📱 Pour ne rien louper de l'actualité, installez l'application gratuite des professeurs des écoles.Mariée à une femme, Caroline a subi les attaques d'un corbeau qui l'a menacée de mort et a tagué des insultes homophobes sur le mur de son école. Elle n'a eu aucun soutien de sa hiérarchie et des parents d'élèves. Découvrez son histoire dans ce thread et sur @Mediapart. ⤵ pic.twitter.com/ezKLvHPW8X
— Remedium (@RemediumTimoris) January 29, 2025
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Tout mon soutien à la famille. Personne ne devrait être laissé seul face à ces actes.
Tu as raison, personne ne devrait jamais être laissé seul face à de telles violences et discriminations. Le cas de Caroline est tragique et illustre à quel point le manque de soutien institutionnel et humain peut aggraver une situation déjà insoutenable. Il est essentiel que les écoles, les autorités et la société dans son ensemble s’engagent fermement contre l’homophobie et toutes formes de harcèlement, en protégeant les victimes et en sanctionnant les coupables. Ce drame doit nous rappeler l’importance de la solidarité, de l’écoute et de la vigilance pour que personne ne se sente isolé dans sa souffrance. Ton soutien à la famille est précieux dans ce combat pour plus de respect et de justice.