Éducation prioritaire : un rapport alarmant de la Cour des comptes appelle à une réforme immédiate
Des ambitions inchangées, des résultats décevants
Depuis 1981, la politique d’éducation prioritaire vise à corriger les inégalités scolaires liées aux origines sociales. Malgré cette volonté affichée, la Cour des comptes dresse dans son rapport du 6 mai 2025 un bilan préoccupant : les écarts de résultats entre les élèves de l’éducation prioritaire et les autres ne se sont pas réduits de manière significative, et la mixité sociale continue de reculer. La « refondation » de 2015, pourtant ambitieuse avec la création des réseaux REP et REP+, n’a pas produit les effets attendus, faute d’un pilotage stratégique et d’un suivi rigoureux.
Une carte dépassée et inadaptée
L’un des constats majeurs du rapport est l’obsolescence de la carte de l’éducation prioritaire, inchangée depuis plus de dix ans. Fondée sur un indice national, elle ne reflète plus les réalités sociales actuelles. De nombreuses écoles, pourtant situées dans des territoires défavorisés, ne sont pas intégrées aux dispositifs, tandis que d’autres, aux profils plus favorisés, en bénéficient. Cette labellisation par réseaux, centrée sur les collèges, a entraîné des effets pervers, avec notamment l’apparition d’écoles dites « orphelines ».
Une logique binaire qui manque de souplesse
La politique actuelle repose sur une opposition REP / hors REP qui empêche toute gradation dans l’allocation des moyens. Cette absence de progressivité ne permet pas de répondre finement aux besoins spécifiques de chaque école. De plus, l’empilement de dispositifs complémentaires (CLA, TER) a rendu l’ensemble complexe et peu lisible, tant pour les équipes éducatives que pour les familles.
Un pilotage local sous contrainte
Le rapport souligne que le pilotage territorial s’est certes renforcé, mais reste dominé par une gestion comptable des moyens, au détriment d’une approche pédagogique et prospective. Des efforts ont été faits pour améliorer l’attractivité des postes en REP+, notamment via des primes revalorisées, mais la collaboration entre écoles et collèges, pourtant essentielle au bon fonctionnement des réseaux, reste inégale.
Des dispositifs prometteurs mais à revoir
Parmi les rares mesures ayant suscité un réel engouement figure le dédoublement des classes de CP, CE1 et grande section, qui a contribué à apaiser le climat scolaire et à mieux accompagner les élèves en difficulté. Toutefois, ses effets sur les apprentissages semblent s’atténuer à l’entrée au collège, selon les données disponibles. Le rapport invite donc à repenser cette mesure dans un cadre plus global, en tenant compte notamment de la baisse démographique prévue dans les années à venir.
Les recommandations de la Cour : agir vite et autrement
Face à ce constat, la Cour des comptes préconise une réforme en profondeur autour de deux axes prioritaires :
- Une refonte de la carte de l’éducation prioritaire, fondée sur des indicateurs actualisés et plus équitables ;
- Une allocation progressive des moyens, plus souple et plus proche des besoins réels des écoles.
Ce rapport rappelle avec force qu’une politique d’éducation prioritaire ne peut réussir sans une véritable stratégie de mixité sociale, un pilotage clair et une évaluation régulière. Le statu quo, dans un contexte de creusement des inégalités, n’est plus tenable.
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